« On nous incite à délocaliser »
FRÉDÉRIC JOUSSET coprésident de Webhelp
PROPOS RECUEILLIS PAR VALERIE HACOT ET MARC LOMAZZI
LACROIX-SAINT-OUEN (OISE), LE 16 JANVIER. Webhelp emploie 3 000 personnes en France et 6 000 à l’étranger. | (LP/ARNAUD DUMONTIER.)
A la tête de l’une des principales entreprises françaises de centres d’appels, Frédéric Jousset, cofondateur de Webhelp (3000 emplois en France et 6000 à l’étranger), confirme que 10000 postes sont menacés dans ce secteur.
Arnaud Montebourg a demandé aux centres d’appels de relocaliser leurs activités en France....
FRÉDÉRIC JOUSSET. L’intention est louable, mais les obstacles juridiques et diplomatiques sont nombreux.
Au Maroc, cette activité pèse 40 000 emplois, essentiels pour leur développement. Si on veut encourager les relocalisations, il faudrait rendre plus facile le travail le dimanche ou la nuit par exemple et compenser le surcoût en instaurant par exemple un forfait sur les prestations d’assistance. Le consommateur pourrait choisir de bénéficier d’une assistance payante en France ou gratuite au Maroc.
Cela serait-il suffisant pour protéger l’emploi en France?
L’heure facturée par les centres d’appels en France est la plus chère d’Europe. Au Maroc, le smic est à 210 € pour 44 heures de travail, contre 1350 € pour 35 heures en France. D’ailleurs, en envisageant d’augmenter le smic, on incite les entreprises à délocaliser.
L’arrivée de Free oblige aussi les opérateurs téléphoniques, à baisser leurs coûts…
Environ 10000 emplois sont menacés. Free a non seulement pris plus de 2 millions de clients aux autres opérateurs, mais il les a obligés à réduire leurs marges. Orange, Bouygues et SFR se retournent vers leurs sous-traitants. Ils renégocient les contrats à la baisse et cela passe par des transferts d’effectifs au Maghreb. Résultat, alors que, depuis cinq ans, les délocalisations s’étaient stabilisées autour de 50000 emplois, le mouvement reprend.
Les délocalisations sont-elles inéluctables?
Dans les télécoms, la migration vers le Sud est déjà massive. Chez Webhelp, où 300 intérimaires n’ont pas été reconduits, nous n’envisageons pas pour l’heure de plans sociaux, ni de réduire nos activités en France où nous espérons trouver de nouveaux clients. Mais c’est une question sensible car nos centres sont situés dans des zones désindustrialisées et, si nous partons, il n’y restera plus d’emplois.
Arnaud Montebourg a demandé aux centres d’appels de relocaliser leurs activités en France....
FRÉDÉRIC JOUSSET. L’intention est louable, mais les obstacles juridiques et diplomatiques sont nombreux.
Cela serait-il suffisant pour protéger l’emploi en France?
L’heure facturée par les centres d’appels en France est la plus chère d’Europe. Au Maroc, le smic est à 210 € pour 44 heures de travail, contre 1350 € pour 35 heures en France. D’ailleurs, en envisageant d’augmenter le smic, on incite les entreprises à délocaliser.
L’arrivée de Free oblige aussi les opérateurs téléphoniques, à baisser leurs coûts…
Environ 10000 emplois sont menacés. Free a non seulement pris plus de 2 millions de clients aux autres opérateurs, mais il les a obligés à réduire leurs marges. Orange, Bouygues et SFR se retournent vers leurs sous-traitants. Ils renégocient les contrats à la baisse et cela passe par des transferts d’effectifs au Maghreb. Résultat, alors que, depuis cinq ans, les délocalisations s’étaient stabilisées autour de 50000 emplois, le mouvement reprend.
Les délocalisations sont-elles inéluctables?
Dans les télécoms, la migration vers le Sud est déjà massive. Chez Webhelp, où 300 intérimaires n’ont pas été reconduits, nous n’envisageons pas pour l’heure de plans sociaux, ni de réduire nos activités en France où nous espérons trouver de nouveaux clients. Mais c’est une question sensible car nos centres sont situés dans des zones désindustrialisées et, si nous partons, il n’y restera plus d’emplois.
Le Parisien
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