Depuis que le tsunami Free a submergé le marché, les opérateurs historiques, dans une mauvaise passe, menacent de tailler dans leurs effectifs. Sauf si le gouvernement se décide à (re)faire payer les clients…
Ces derniers jours, les conseillers d’Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, n’ont pas fait que recevoir les patrons de l’automobile. Ils ont également discuté, en catimini cette fois, avec l’association UFC-Que choisir, dans le cadre de ce qu’il convient d’appeler une « opération déminage ».
Une nécessité, à la suite de l’émoi provoqué par les déclarations fracassantes de Montebourg : ce dernier évoquait l’éventualité de faire payer les clients pour éviter la casse sociale dans la téléphonie et lutter contre les délocalisations. « Rapatrier 10000 emplois en France coûterait 20 centimes par forfait et par mois aux abonnés. Les consommateurs sont-ils prêts à accepter cette légère hausse de prix, en contrepartie de la relocalisation d’emplois? » s’interrogeait le ministre la semaine dernière, après avoir reçu les dirigeants de Bouygues, SFR et Orange.
Depuis l’arrivée tonitruante de Free sur le marché, les trois opérateurs historiques sont aux abois : le jeune trublion les a obligés à suivre sa politique de prix cassés. Du coup, leurs marges sont en chute, et 10000 emplois seraient sur la sellette, notamment dans les centres d’appels. Aujourd’hui, les opérateurs réclament au gouvernement de quoi se reconstituer financièrement, afin de pouvoir sauvegarder leurs emplois.
Il faut faire vite
L’une des pistes à l’étude serait de revenir sur la loi Chatel, qui avait été plébiscitée par les consommateurs en 2008. Cette loi avait rendu les hotlines gratuites et avait raboté la durée d’engagement de vingt-quatre à douze mois. Le gouvernement étudie donc la possibilité de créer une hotline « premium ». Autre idée à l’étude : relever la durée d’abonnement, en la portant à… vingt-quatre mois. Les associations de consommateurs, elles, s’étranglent. « Rien n’est encore tranché », tempérait-on, hier soir, au gouvernement, où l’on soulignait que ces projets sont avant tout « ceux des opérateurs »…
Dans tous les cas, il faut faire vite : Bouygues a déjà annoncé un plan social et SFR dévoilera le sien à l’automne…
Les chiffres clés
67 millions : le nombre d’abonnés à un réseau mobile (+ 6,5% en un an). Environ 75% d’entre eux ont un abonnement prépayé.
103,3% : le taux de pénétration des mobiles dans la population. On compte désormais plus de portables que d’habitants.23,6 millions : le nombre de portables vendus en France en 2011. Les ventes de smartphones ont bondi de 14%.
40% : la part de marché d’Orange en 2011, avant l’arrivée de Free — SFR arrivait ensuite avec 33% et Bouygues avec 17%. Une vingtaine d’opérateurs virtuels (MVNO) se partageaient par ailleurs 10% du marché.
2,6 millions : le nombre de personnes qui ont changé d’opérateur en gardant leur numéro au premier trimestre 2012.
4,5 Mds€ : le chiffre d’affaires de l’activité mobiles des opérateurs au premier trimestre 2012.
Valérie Hacot et Odile Plichon
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