Des problèmes de trésorerie inciteraient Vivendi Universal à se délester de Maroc Telecom
Maroc Telecom pourrait faire les frais des soucis financiers de Vivendi Universal. |
Des bruits ''insistants'' laissent supposer un prochain délestage de Maroc Telecom par Vivendi Universal, qui détient 53 % des actions du groupe. Un délestage qui trouverait son explication dans une situation financière difficile que traverse actuellement le groupe français du Multimédia, dont la dette devrait atteindre à la fin 2012 les 14 milliards d'euros après le rachat en 2011 de la célèbre Maison de disques britannique EMI. L'Etat marocain laissera t-il faire ou usera t-il de son droit de préemption ?
Officiellement, Vivendi Universal (VU), qui a réussi à moderniser Maroc Telecom en phase de passer à la 4G, n'est pas vendeur. Officieusement, après la sortie la semaine dernière du président du conseil de surveillance de Vivendi, Jean-René Fourtou, sur la cession sa filiale de jeux, Activision Blizzard, le sort de Maroc Telecom serait déjà scellé. A l'origine, VU a besoin d'argent pour payer sa dette qui devrait passer de 12 à 14 milliards d'euros à la fin de l'année. Il y a également la mauvaise nouvelle de la baisse de l'excédent brut d'exploitation du groupe VU du fait des difficultés de sa filiale de téléphonie mobile SFR, confrontée à l'érosion des marges dans les télécoms. La cession des 61% des parts de Vivendi dans sa filiale des jeux, Activision Blizzard, lui rapportera 6,7 milliards d'euros. Fourtou a déjà annoncé cette session, et les indicateurs du groupe sont passés au vert, avec une hausse de l'action Vivendi à 3,12%. Pour colmater la dette de 12 milliards d'euros actuelle avant la fin de l'année, Vivendi pourrait fort bien se débarrasser de Maroc Telecom, dont le prix de cession tournerait autour de 3 milliards d'euros. Un prix de cession largement inférieur à la valeur réelle du groupe télécoms marocain. Mais un sacrifice qui pourrait sauver Vivendi dont les propriétaires veulent se recentrer sur leur métier de base, le multimédia et la télévision, avec au premier rang Canal+. L’objectif de ces cessions, annoncées à demi-mot, étant de lever des liquidités pour réduire la dette du groupe, et réinvestir dans les actifs considérés comme cœur de métier, à savoir SFR, Canal+ et Universal, de l’autre. Maroc Telecom pourrait bien faire les frais de cette politique des administrateurs de Vivendi Universal, d'autant que les résultats de l'opérateur historique au Maroc ne sont guère réjouissants.
L'ombre de Djezzy
Maroc Telecom a enregistré en 2011 un recul de son bénéfice net de plus de 800 millions d'euros, et se fait rattraper sur tous les métiers de la téléphonie et de l'Internet par ses concurrents, Méditel et Wana. Une situation difficile pour Maroc Telecom qui a lancé un vaste plan social sous forme de départs volontaires avec, à la clé, un gain en salaires de 300 millions de dirhams. Reste à connaître la position de l'Etat marocain lorsque le groupe multimédia français annoncerait sa décision de céder la ''poule aux œufs d'or''. Le 20 février 2001, Vivendi avait acquis 35% du capital de Maroc Telecom, puis porté sa part à 51% après le rachat en novembre 2004 de 16%, et enfin à 53 % au terme d'un échange d'actions avec la Caisse de Dépôt et de Gestion du Maroc (CDG). Le groupe Maroc Telecom est coté à la fois à la bourse de Casablanca et à l'Euronext de Paris. L'Etat marocain fera t-il obstacle à l'opération de cession envisagée par VU, invoquant, comme l'Etat algérien pour le cas de Djezzy, son droit de préemption ? Déjà, plusieurs opérateurs au Maroc suivent ce dossier avec grand intérêt.ÉCRIT PAR MEROUANE KORSO
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