INTERVIEW
Ghislaine Senée (EE-LV), représentante du Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif), revient sur la délocalisation annoncée d'une plateforme d'appels après l'octroi d'un marché de relations clients à un nouveau prestataire.
Par PÉKOLA SONNY
Pourquoi le marché des relations clients du Stif a-t-il été attribué à une entreprise dont la plate-forme d’appels est au Maroc et non à une entreprise qui a des sites en France ?
Le conseil d’administration du Stif a suivi les recommandations de sa commission d’appel d’offres (CAO) qui a validé le choix de cette entreprise en bonne et due forme selon le code des marchés publics. Ce dernier est très strict. Le choix ne s’est pas seulement fait sur le prix. C'était à 40% le prix et à 60% la qualité du service. Il est aujourd’hui impossible d’instaurer des critères de localisation pour un appel d’offres. Par ailleurs, Webhelp délocalise aussi une partie de son activité au Maroc ou en Roumanie. C’est facile d'être donneur de leçons quand on fait le même jeu. Et je n’ai pas l’assurance que ces 80 emplois (le choix du Stif menacerait 80 emplois en France, ndlr) ne vivent que par le Stif.
Est-il possible, comme le demande Arnaud Montebourg, de «reconsidérer la décision» ?
Le mal a été fait et il est très difficile juridiquement de revenir en arrière. On ne peut pas intégrer de critère de localisation mais on aurait pu intégrer une clause sociale et environnementale. C’est vrai, cela aurait pu être fait en amont, mais on a repris le marché établi précédemment. Les Verts vont se battre pour que, à l’avenir, une clause sociale soit intégrée à l'appel d'offres. Politiquement, ça pose un souci car on essaye de sauvegarder l’emploi en France. Tout le monde en est très conscient au conseil d’administration. Arnaud Montebourg s’est exprimé très vite, il ne connaissait peut-être pas tous les tenants et aboutissants de l’histoire. S’il veut intervenir par une décision politique, il faudra qu’il s’engage dans une bataille juridique au côté du Stif.
Valérie Pécresse a déclaré que des élus UMP qui siègent au Stif, mais pas à la commission d'appel d'offres, s'étaient élevés contre cette décision.
Je n’ai jamais entendu personne de l'UMP. Je trouve regrettable cette polémique médiatique: l’entreprise Webhelp fait du lobbying sur sa situation mais elle-même n’a pas de politique sociale exemplaire. Il faut une volonté à la fois des gérants d’entreprise et des pouvoirs publics pour faire changer les choses. Mais il est vrai qu’il y a un choix à faire sur le protectionnisme en France. Pour nous, les Verts, il est très clair qu’il faut donner la priorité à l’emploi local.
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