Téléphonie: Pellerin prend le contre-pied de Montebourg

Contrairement au souhait d'Arnaud Montebourg, la sauvegarde des emplois dans le secteur de la téléphonie mobile ne se fera pas au détriment des consommateurs.

Fleur Pellerin a trouvé Arnaud Montebourg «très pédagogue». Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

Faut-il y voir un recadrage d'Arnaud Montebourg par sa ministre déléguée en charge de l'Économie numérique? Fleur Pellerin a mis fin mardi aux spéculations sur les hotlines payantes dans la téléphonie mobile. Dans un entretien au Parisien, elle tranche le sujet pour mettre fin à la polémique: «Il n'est pas question de revenir sur la gratuité de l'assistance téléphonique, ni sur celle du temps d'attente.» Pellerin a beau expliquer que Montebourg «a été très pédagogue» parce qu'«il a montré que, moyennant un effort financier minime, on peut créer de l'emploi», elle prend toutefois le contre-pied des positions de son ministre de tutelle. Tout comme le ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon, qui a, lui aussi, voulu rassurer les utilisateurs de téléphone portable et les associations de consommateurs. «L'assistance technique gratuite restera gratuite, a-t-il souligné mardi sur France 2.Nous ne modifierons en rien les droits des consommateurs. La seule chose que nous voulons, c'est faire émerger des gisements d'emplois.»

Un effort pour relocaliser

Arnaud Montebourg avait ouvert la brèche la semaine dernière. Confronté aux suppressions d'emplois annoncées par Bouygues, SFR et Orange, le ministre du Redressement productif s'était interrogé sur l'effort que seraient prêts à consentir les consommateurs pour faire revenir les emplois des hotlines en France. «Rapatrier 10 .000 emplois en France coûterait 20 centimes par forfait et par mois aux abonnés. Les consommateurs sont-ils prêts à accepter cette légère hausse en contrepartie de la relocalisation d'emplois?», avait-il lancé, reprenant les conclusions d'une étude de Bercy et se rangeant aux arguments donnés par les opérateurs de téléphonie mobile.

Contrairement au souhait de Montebourg, la sauvegarde des emplois dans le secteur de la téléphonie mobile ne se fera pas au détriment des consommateurs. Soucieux de s'épargner la colère des utilisateurs et les critiques de l'opposition, Matignon a choisi. Dans son interview, Fleur Pellerin dit simplement qu'il y a une problématique emploi et une problématique consommateur et qu'il ne faut oublier ni l'un ni l'autre», confie un très proche du premier ministre.

Mardi matin, un membre de l'entourage de Fleur Pellerin s'esclaffait à l'évocation d'un éventuel recadrage du ministre du Redressement productif par sa ministre déléguée. Dans l'après-midi, le même conseiller se ravisait: «Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin se sont vus lundi matin et ils ont estimé qu'il fallait mettre fin aux rumeurs.» C'est désormais chose faite.

lefigaro.fr

Anne Rovan