C'est le nouveau leitmotiv des concurrents de Free Mobile. L'arrivée du trublion et de son modèle low cost impactent directement leurs chiffres d'affaires et les oblige donc à couper dans leurs effectifs.
Accusé de "destruction de valeur", Free Mobile est donc le suspect idéal pour justifier les plans sociaux annoncés : 550 départs volontaires chez Bouygues Telecom et peut-être plus de 1000 postes supprimés chez SFR. Globalement, selon les sources, les prévisions de suppressions d'emplois varient de 10 000 à 70 000 sur deux ans.
Vu le contexte, le dossier a été pris en main par le gouvernement. Dans un communiqué, Bercy fait savoir qu’il va recevoir « au plus vite » (sans plus de précision) les intersyndicales des deux opérateurs privés. Ils seront reçus par Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin, respectivement ministre du Redressement productif et ministre déléguée à l’Economie numérique
Free Mobile, le coupable idéal : simpliste ?
Par ailleurs, les membres du gouvernement font savoir qu’ils rencontreront ensuite les quatre principaux opérateurs de téléphonie mobile (Orange, Free Mobile, SFR et Bouygues Telecom). Une réunion qui abordera "les moyens du retour à un modèle de croissance, au bénéfice de l’emploi, tant au sein des opérateurs que chez leurs sous-traitants et fournisseurs."
L'équation Free + Mobile = des emplois en moins dans le secteur est-elle aussi simple ? On peu en douter. Il faut en effet savoir que le chiffre d'affaires des opérateurs télécoms est en baisse depuis plus d'un an, crise économique, maturité du marché, nouvelles taxes et baisses des prix de gros obligent. Ce repli est intervenu bien avant l'arrivée de Free Mobile. Les effectifs globaux sont également en baisse régulière depuis 2008.
Free est-il alors à l'origine de ces destructions d'emplois ou est-il simplement l'accélérateur d'une tendance observée depuis déjà plusieurs trimestres ? C'est à cette question qu'ont tenté de répondre plusieurs experts réunis par Items International à une table ronde sur la question au Sénat.
"Le low cost n'est pas un problème en soi"
"Le législateur hystérique dégrade la rentabilité des opérateurs"
"Nous ne cherchons pas à réduire la masse salariale"
Plus que le modèle économique de Free Mobile, c'est son arrivée dans le secteur qui est fortement critiquée. Et le régulateur en prend pour son grade.
"L'Arcep aurait dû faire une étude d'impact"
Un avis partagé par Patrice Geoffron : "On ne peut être qu'étonné de la méthode employée, notamment en termes d'asymétrie des tarifs. L'Arcep a choisi l'option de la chirurgie lourde pour une concurrence via les réseaux, elle aurait du opter pour une approche plus fine. Le régulateur a fait le choix d'une politique de la concurrence, mais pas d'une politique industrielle, et cette décision a eu pour conséquence de privatiser les gains tout en mutualisant les coûts".
Politique de la concurrence contre politique industrielle ?
Et de poursuivre : "Il faut par ailleurs prendre en compte le contexte de crise. Si en 2008 la 4e licence était légitime car la dynamique était positive, cette dynamique aura bien du mal à se mettre en place."
Un responsable de Free présent dans la salle rappelle néanmoins que "la 4e licence était soutenue par la Commission européenne qui avait constaté sur le marché français un manque de concurrence et une faible activité des opérateurs virtuels".
Alors que Bouygues Telecom, Orange et SFR ont été convaincus d'entente sur les prix en 2005, la 4e licence apparaissait en effet comme le seul moyen pour déverrouiller le secteur. Un objectif qui semble atteint aujourd'hui.
par Olivier Chicheportiche, ZDNet France. Publié le lundi 09 juillet 2012
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