Le Stif, syndicat des transports d'Ile-de-France, a attribué un appel d'offres à une société qui souhaite implanter ses centres d'appels au Maroc. Jusqu'alors, deux centres d'appels de la société Webhelp, à Fontenay et à Saint-Avold, en Moselle, se partageaient ce marché. Aujourd'hui, une cinquantaine de salariés du site fontenaisien est menacée. En Moselle, cette décision pourrait entraîner le licenciement d'une trentaine de personnes.
Nouveau coup dur pour l'emploi dans le bassin fontenaisien. « Ce contrat, c'est 50 % du chiffre d'affaires de Fontenay », précise Vincent Bernard, directeur France de Webhelp. Alors, si ce marché était perdu, l'entreprise se retrouverait dans une impasse si elle ne trouve pas de nouveaux clients. « On vit avec la crainte du plan de sauvegarde des emplois »,avoue Aurélien Rabette, directeur du site. Licencier 50 personnes, cela revient à faire plonger l'entreprise.

Les salariés avec la direction

À l'annonce de cette nouvelle, les salariés n'ont pas débrayé, hier. « On mène le même combat : la pérennité de nos emplois », précise Nadège Chainier, déléguée CFDT du personnel. Dans cette entreprise, on appelle le patron par son prénom. Pour ce dernier, la seule explication est financière. « On ne nous a jamais reproché quoi que ce soit au niveau la qualité du site. » La direction du groupe, elle aussi, compte sauver ses emplois. Elle se retrouve coincée entre salariés et institutions publiques.
Céline, 27 ans et dans l'entreprise depuis février, « y croit encore. » Sur le plateau d'appels, tout le monde fait confiance au directeur. Caroline, qui travaille là en intérim, « n'espère plus décrocher un CDI et est apeurée par la situation. » Cette maman d'un enfant de deux ans est d'autant plus inquiétée que « la situation du bassin de Fontenay est critique. »
Le centre d'appel emploie une majorité de femmes jeunes. Mais d'autres sont d'autant plus inquiétées par leur âge. Marie-Christine, 51 ans, estime qu'il est « difficile, à cet âge de se retrouver sans emploi. » Aujourd'hui, elle est inquiète pour son futur. Elle se demande si elle arrivera à « trouver du travail avant la retraite. »
Le gouvernement s'est saisi du dossier. Au niveau local, Hugues Fourage, le député-maire PS de Fontenay, craint des « dramatiques conséquences économiques et sociales. »
Bruno Retailleau, président UMP du conseil général, décrit une situation « profondément choquante. » Le conseiller général de La Châtaigneraie, Valentin Josse, estime pour sa part que c'est « un nouveau coup dur qui fragilise le bassin d'emplois de Fontenay ».
Pour l'instant, rien n'est fait. Le président de la région Ile de France, Jean-Paul Huchon, pourra signer l'appel d'offres afin de le contractualiser à partir de mardi. Mais il a aussi la possibilité de ne pas le faire pour motif d'intérêt général. En attendant, la direction de Webhelp a décidé hier, d'attaquer l'attribution du marché en référé, pour non-respect du cahier des charges.

Elouën MARTIN.